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Channel: L'Espagne noire des Lumières » Juan Carlos Rodríguez Rendón
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Fondation de la société argentine d’études du dix-huitième siècle

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Du 9 au 11 avril 2014 s’est déroulé à Buenos Aires le colloque international « L’Amérique du Sud et les Lumières ». Cette manifestation a marqué la fondation de la Société Argentine d’Etudes du XVIIIe siècle, première société de ce type en Amérique Latine. Elle a pour but d’encourager la recherche et les manifestations culturelles relatives au XVIIIe siècle, et de favoriser les échanges entre les spécialistes de différents domaines. Le colloque nous a permis de renforcer les liens entre chercheurs de chaque côté de l’Atlantique et de découvrir différents aspects de la capitale argentine. Les retables baroques dorés de Notre Dame de Pilar de la Recoleta, les immeubles haussmanniens de l’avenue Alvear et le quartier de San Telmo reflètent trois moments importants de l’histoire de la ville. La bibliothèque nationale Mariano Moreno nous a accueillis dans ses installations. Des photos de l’événement sont accessibles sur flickr. Les communications présentées par la table ronde que j’ai organisée ont abordé la critique de la représentation des Américains dans le discours scientifique de Raynal et de Buffon, et l’utilisation de certains genres de la littérature française des Lumières en Colombie.

Affinités et divergences dans la pensée des Lumières françaises en Colombie : 1791-1867

Entre 1791 et 1867 trois faits littéraires témoignent de l’influence prépondérante des thèmes et des problématiques des Lumières dans le territoire de l’actuelle Colombie. Les journaux de Manuel del Socorro Rodríguez : Papel periódico de la ciudad de Santafé de Bogotá (1791-1797) et Alternativo del Redactor Americano (1807-1809) ; les tragédies de José Fernández de Madrid : Atala (1822), Guatimoc (1827) et sa traduction inachevée des Trois Règnes de la nature de Jacques Delille ; enfin, la lecture politique du Génie du Christianisme de Chateaubriand, effectuée par les idéologues colombiens (1848-1867).

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La première communication intitulée Emancipation intellectuelle et critique littéraire évoque la manière dont Manuel del Socorro Rodríguez (1758-1819) cherche à provoquer chez ses lecteurs un certain type d’attitudes et de gestes critiques devant la pensée des Lumières et la littérature qui sert à sa diffusion. Le corpus est constitué de l’essai Satisfacción a un juicio poco exacto...[1] (1792), et de deux articles parus dans le journal Alternativo del Redactor Americano (1808) : Lección de libros franceses, et Lección y elección de libros en general. Ces textes appartiennent à la période nationaliste-américaniste de l’auteur qui enjoint le lecteur à « prendre position » sur les innovations scientifiques qui découlent de la philosophie matérialiste des Français, et plus largement, sur tout ce qui a trait à la révolution, que l’auteur qualifie de « mode française ». Il s’agit de rendre compte – dans une société et dans un champ littéraire en formation – de la façon dont la tension entre valeurs hispaniques et françaises favorise l’apparition des premières expressions de critique littéraire dans l’espace de l’actuelle Colombie.

La deuxième intervention, Répercussion de la querelle des Lumières dans la littérature colombienne (1789–1830), examine l’influence de deux thèmes de la littérature française de la dernière partie du tournant des Lumières sur la littérature sud-américaine dans l’œuvre de José Fernández de Madrid (1789-1830). D’une part, le thème des amours des « sauvages »  rendu célèbre par Atala  (1801) de Chateaubriand, qui connaît un fulgurant succès en Amérique Latine, et d’autre part, la description poétique de la nature représentée par Les Trois Règnes de la Nature (1808) de Jacques Delille qui est l’objet de nombreuses traductions partielles. Ces deux thèmes relèvent de projets esthétiques qui se définissent par rapport au mouvement des Lumières. D’ailleurs, ils ont des postérités bien différentes. Atala devient un classique de la littérature française, son rejet de l’esthétique du dix-huitième siècle – à laquelle il participe pourtant – facilite l’avènement du romantisme en Amérique Latine. Au contraire, l’œuvre de Delille est vite reléguée à un plan secondaire à cause de l’émergence d’un poncif de la critique littéraire qui nie toute qualité à la poésie du XVIIIe siècle. L’influence d’Atala – et plus particulièrement de Chateaubriand – sur la littérature latino-américaine a déjà été l’objet de quelques travaux universitaires alors que l’influence de la poésie descriptive dans le même sens n’a pas été soulignée. Néanmoins, Les Trois Règnes de la Nature (1808) sert de modèle à un projet littéraire qui va transformer radicalement la poésie latino-américaine et qui est guidé par un groupe d’hommes de lettres – que l’on pourrait attacher aux Lumières latino-américaines – constitué par le Colombien José Fernández de Madrid, l’Equatorien José Joaquin de Olmedo (1780-1847) et le Vénézuélien Andrés Bello (1781-1865).

La troisième communication, Lecture politique du Génie du christianisme en Colombie (1848-1867) conclut qu’il est alors impossible de constituer une société séculaire et laïque en Colombie, malgré l’accueil favorable fait aux idées politiques, éthiques et sociales des Lumières. Effectivement les auteurs français sont très en vogue depuis la traduction de la Déclaration des Droits de l’Homme en 1794. Cependant, au moment de redéfinir l’orientation politique du pays, en 1860, un groupe d’intellectuels colombiens rejette l’idée de séparer l’Etat de l’Eglise. Ils proposent comme modèle politique un état régi par les libertés civiles, les droits de l’homme et les principes moraux du christianisme catholique. La pensée de Chateaubriand – et l’idée que le christianisme avait contribué à civiliser l’occident – est la pierre angulaire de ce processus. Il s’agit de comprendre comment on conçoit les partis politiques, le modèle social à partir du postulat de Chateaubriand, et comment on réécrit l’histoire colombienne en 1860. Pour savoir plus sur cette période de l’histoire sociale et littéraire de la Colombie voir El debate de la hispanidad en Colombia en el siglo XIX d’Iván Padilla Chasing.

Auteurs respectifs des communications :

Pablo Andrés Castro Henao. Universidad Nacional de Colombia.

Juan Carlos Rodríguez Rendón. Doctorant en littérature française Université Paris-Sorbonne/Universidad del País Vasco.

Iván Padilla Chasing. Professeur Universidad Nacional de Colombia.


[1]     Satisfacción á un juicio poco exacto sobre la literatura y buen gusto, antiguo y actual, de los naturales de la Ciudad de Santafé de Bogotá, paru par extraits dans Papel Periódico de la Ciudad de Santafé de Bogotá Periódico de la Ciudad de Santafé de Bogotá (mars-mai 1792).


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